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Amours larcins et autres complications

Palestine. 2015
Titre original. Al-hob wa al-sariqa wa mashakel ukhra
RĂ©alisateur. Muayad Alayan
Scénario. Muayad et Rami Alayan
Acteurs. Sami Metwasi, Maya Abu Alhayyat, Riyad Sliman
Distribution. ASC Distribution
Durée. 1h34
Genre. Drame
Date de sortie. 30 septembre 2015

Est-ce qu’il fait bon vivre dans les territoires palestiniens. Puisque nous disposons principalement des informations Ă©mises par les mĂ©dias occidentaux, potentiellement partiaux, nous prĂ©fĂ©rons ne pas nous prononcer sur ce sujet Ă©pineux. Une chose est sĂ»re par contre. que la production cinĂ©matographique, en tant qu’indice de la prospĂ©ritĂ© culturelle et Ă©conomique, y est quasiment inexistante. Contrairement au cinĂ©ma israĂ©lien, qui se porte plutĂŽt bien ces derniers temps, vu le nombre de films qui sont sortis rĂ©cemment en France, celui de la terre occupĂ©e de Palestine se rĂ©sume aux deux rĂ©alisateurs Elia Suleiman et Hany Abu-Assad que l’on peut considĂ©rer sans peine comme les porte-parole filmiques de la cause palestinienne. Quelle agrĂ©able surprise alors, voire quel signe encourageant et rafraĂźchissant d’une vitalitĂ© insoupçonnĂ©e, de voir arriver sur nos Ă©crans ce premier film fait avec trois bouts de ficelle. Notre enchantement ne s’arrĂȘte pourtant pas lĂ , puisque Amours larcins et autres complications rĂ©ussit de conter avec peu de moyens une histoire Ă  premiĂšre vue apolitique, qui en dit nĂ©anmoins long sur le dilemme existentiel inextricable dans lequel le peuple palestinien est pris au piĂšge.

Synopsis. Mousa ne voit pas son avenir en Palestine. PlutĂŽt que d’ĂȘtre Ă  la merci des permis de travail israĂ©liens comme son pĂšre, il prĂ©fĂšre quitter le pays et tenter sa chance en Europe. Seule sa relation avec Manal, mariĂ©e avec un homme riche, le retient. Afin de rĂ©unir l’argent nĂ©cessaire pour l’achat de son visa clandestin, il continue avec ses petites combines minables, qui consistent essentiellement Ă  voler des voitures et Ă  revendre leurs piĂšces dĂ©tachĂ©es. Or, son dernier butin est plus dangereux que prĂ©vu, puisque Mousa trouve dans le coffre de la Passat volĂ©e un soldat israĂ©lien, fait prisonnier par les milices palestiniennes.

Un drîle d’oiseau

Mousa n’est pas un hĂ©ros comme les autres dans la grande Ă©popĂ©e du calvaire palestinien. A bien y regarder, ce n’est mĂȘme pas un hĂ©ros du tout. DĂšs la premiĂšre sĂ©quence du film, au dĂ©but de laquelle il assiste encore d’une maniĂšre peu entreprenante son pĂšre dans un chantier, il se dĂ©robe Ă  ses responsabilitĂ©s pour mieux s’adonner au vice du vol et de l’adultĂšre. Toutefois, le qualifier de perdant irrĂ©cupĂ©rable ne convient pas non plus, puisqu’il sait pertinemment tirer son Ă©pingle du jeu le moment venu, quitte Ă  mettre ses intĂ©rĂȘts personnels avant sa fiertĂ© nationale, de toute façon en berne depuis longtemps. Le premier d’une longue liste d’exploits du premier film de Muayad Alayan est ainsi d’en finir d’emblĂ©e avec les stĂ©rĂ©otypes de cette rĂ©gion laissĂ©e exsangue par un conflit interminable. Le comportement du protagoniste relĂšve davantage d’une stratĂ©gie de survie passablement bordĂ©lique que d’une quelconque logique scĂ©naristique, qui supposerait un plan clairement Ă©tabli d’avance. La somme des contretemps qui empĂȘchent Mousa de prendre son envol hypothĂ©tique – car que pourra-t-il bien faire d’autre en Italie que de persĂ©vĂ©rer dans ses voies de malfrat bas de gamme. – agence au contraire le rĂ©cit d’une façon vive et surprenante. L’adresse narrative du rĂ©alisateur se manifeste alors Ă  travers sa capacitĂ© de toujours trouver le ton juste pour accompagner les aventures rocambolesques de son hĂ©ros, rĂ©calcitrant Ă  toute rĂ©cupĂ©ration politique.

Des complications jubilatoires

En effet, l’intrigue s’adonne la plupart du temps Ă  un merveilleux acte d’équilibriste entre la comĂ©die et le drame. Par son manque de maturitĂ© manifeste, Mousa opĂšre en tant qu’élĂ©ment dĂ©clencheur de toutes sortes de situations cocasses. SimultanĂ©ment, le sĂ©rieux du contexte, oĂč le bras long de l’autoritĂ© plus ou moins lĂ©gitime peut frapper Ă  chaque instant, confĂšre un fond presque tragique aux agissements loufoques du personnage principal. Comme la dĂ©robade de ce dernier ne pourra pas durer Ă©ternellement, l’étau finit par se resserrer autour de ce saltimbanque de moins en moins Ă©goĂŻste. GrĂące Ă  la distance trĂšs juste que la mise en scĂšne maintient envers les personnages, le dĂ©nouement aux accents plutĂŽt pessimistes ne sombre ni dans le manichĂ©isme, ni dans le misĂ©rabilisme. Il s’avĂšre mĂȘme cohĂ©rent dans le projet plus vaste, quoique jamais prĂ©tentieux, du polyvalent Muayad Alayan – Ă©galement chef opĂ©rateur, scĂ©nariste et producteur – de dresser en toute simplicitĂ© un Ă©tat des lieux de la Palestine d’aujourd’hui, sans autre dĂ©fense contre la prĂ©caritĂ© nationale que la dĂ©brouillardise. En quelque sorte, le rĂ©alisateur a mis en pratique son propre credo, puisque des moyens trĂšs rĂ©duits lui auront suffi pour concocter son premier film. Celui-ci brille autant par l’intelligence de son propos que par sa beautĂ© esthĂ©tique, soutenue subtilement par un noir et blanc particuliĂšrement en phase avec les antagonistes Ă  l’Ɠuvre sur la scĂšne du thĂ©Ăątre palestinien.

Conclusion

Avec ce premier film impressionnant, le jeune rĂ©alisateur Muayad Alayan rĂ©ussit un exploit qu’on croyait impossible. traverser le terrain minĂ© du Proche-Orient, qui devrait forcĂ©ment inciter Ă  une prise de position radicale, sans choisir son camp, mais en dĂ©signant au contraire avec malice l’absurditĂ© d’une situation qui a dĂ©jĂ  trop durĂ© et qui s’avĂšre par consĂ©quent avilissante pour tous les participants. Si seulement plus de voix de raison comme la sienne, dĂ©pouillĂ©e de toute tendance Ă  l’ergotage, existaient dans cette rĂ©gion, le processus de paix serait bouclĂ© en un rien de temps !